Un vent de colère souffle au MR liégeois. Une réunion exceptionnelle des libéraux de la province de Liège s’est tenue jeudi soir. Autant dire que les oreilles du président du parti, Georges-Louis Bouchez, ont dû siffler. Bacquelaine, Jeholet et Cie déplorent en effet la méthode de « GLB », mais aussi « l’absence de considération pour Liège » au niveau du casting. Le G9 réclame des explications claires et certains n’hésitent pas à dire que la tête du président Bouchez est menacée.
Analyse.
« On n’est heureux ni de la manière, ni du choix ».
Cette phrase, lâchée par une (très grosse) pointure libérale résume à elle seule le sentiment qui prédomine au sein du MR liégeois, au sens provincial du terme.
Il faut dire qu’en bord de Meuse, on l’a vraiment mauvaise.
Il y a d’abord tout ce qui est reproché depuis deux jours maintenant au président du parti, Georges-Louis Bouchez.
Citons pêle-mêle le choix du frère de Charles Michel comme secrétaire d’État, la méthode très individualiste de décision, le foirage complet de l’épisode De Bue – Ducarme puisque la première a été dégagée au profit du second avant un rétropédalage deux heures plus tard ou encore l’influence manifeste du clan « Michel » dans tout le processus décisionnel.
Bref, « le combo gagnant de tout ce qu’il ne faut pas faire », résume ironiquement un député fédéral MR.
Mais outre ces récriminations qui sont très largement partagées au sein même du parti libéral, le cas de la province de Liège est plus interpellant encore.
Ainsi, le président provincial Daniel Bacquelaine nous confiait : « J’aurais clairement souhaité que le poste de secrétaire d’État revienne à un ou une Liégeois(e).
C’était d’ailleurs prévu dans un premier temps, mais ça n’a finalement pas été possible pour des raisons diverses que je ne souhaite pas commenter. Et je le regrette vraiment. »
Des regrets largement partagés et qui restent en travers de la gorge des caciques principautaires.
Ainsi, jeudi soir, une réunion de l’exécutif du MR en province de Liège s’est tenue en présence du « G9 local ».
À savoir Daniel Bacquelaine (président provincial), Philippe Dodrimont (président du MR de l’arrondissement de Liège), Pierre-Yves Jeholet (président du MR de l’arrondissement de Verviers), Katty Firquet pour la Province, Gilles Foret pour Liège-Ville, Kattrin Jadin (représentant le PFF germanophone).
Ainsi que le trio de l’arrondissement de Huy-Waremme, Caroline Cassart (députée wallonne et bourgmestre d’Ouffet), Manu Douette (député-bourgmestre de Hannut) et Philippe Goffin, le bourgmestre en titre de Crisnée et ministre des Affaires étrangères et de la Défense sortant. Autant dire du très beau monde, représentant un poids politique certain.
Leur regret ? L’absence d’un Liégeois dans les choix controversés du président Bouchez.
« Nous n’avons rien au gouvernement fédéral. Et même au-delà de ça, à part Pierre-Yves Jeholet comme ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la province de Liège n’a rien, pas même un chef de groupe », déplore l’un des participants à la réunion.
Cet autre souligne le manque d’élégance dans la méthode de « GLB ».
« Savez-vous que Philippe Goffin, qui est quand même le ministre des Affaires étrangères et de la Défense sortant, a été prévenu qu’il n’était pas reconduit via les réseaux sociaux ?
Il n’y a même pas eu un coup de fil préalable, par correction.
C’est rude. »
Choix du secrétaire d’État
D’autant qu’en terres principautaires, on lorgnait clairement sur le poste de secrétaire d’État, qui est finalement revenu à Mathieu Michel, à la fois « fils de » et « frère de »… « Je peux vous dire que si on avait été au courant, il y aurait eu un veto absolu à ce choix, absolu ! », dit ce libéral sans décolérer. Même si aucun nom n’avait été arrêté, le Neupréen Mathieu Bihet tenait la corde.
Mais aujourd’hui qu’attend le MR liégeois, très concrètement ?
« Soyons honnêtes : le casting ne bougera pas. Les prestations de serment ont eu lieu, c’est comme ça.
Mais nous réclamons des explications. Des explications sur la méthode, sur le choix et aussi sur le manque de considération du Mouvement réformateur en province de Liège et je dirais même, plus précisément, de l’arrondissement de Liège.
Car là, à mes yeux, c’est totalement insuffisant », déplore l’Aqualien Philippe Dodrimont.
« Il faut de la considération pour Liège, qui possède des personnalités capables d’assumer des responsabilités ».
Reste une question centrale. Quid de l’avenir du Montois Georges-Louis Bouchez comme président du MR ?
Contesté comme jamais, sa position est-elle encore tenable ?
« Sa tête est clairement menacée », lâche tout de go ce baron du « G9 » liégeois.
Qui ajoute : « Il y a des contacts tous azimuts et autant dire que lundi au plus tard, à l’occasion du bureau de parti, ça s’annonce très hard. »
Et cet autre cadre d’abonder : « On ne peut plus continuer comme ça.
Il n’a quasi plus aucun soutien parlementaire. On a parlé à moment donné de mettre un genre de groupe des cinq pour co-diriger le parti avec Sophie Wilmès, Pierre-Yves Jeholet ou encore Willy Borsus.
Mais ça ne se fait pas… »
Les prochaines heures s’annoncent chaudes.
Article de par GASPARD GROSJEAN