Tout change dans les écoles
Nous répondons aux questions que vous vous posez. No stress…
Toute une série de mesures qui ont présidé à la réouverture des écoles changent diamétralement, dix jours après leur entrée en vigueur et parfois même deux ou trois jours après que vous ayez remis votre enfant à l’école.
C’est stressant ? Vous pensez perdre pied ?
Rassurez-vous : nous comprenons parfaitement votre sentiment. C’est une angoisse plus que naturelle, alors que nous vivons une crise inédite pour la plupart d’entre nous où nous naviguons un peu dans l’inconnu.
Nous avons résumé ces angoisses en quinze questions et nous espérons y apporter des réponses qui vous permettront de regagner une certaine sérénité. Bonne lecture… Et courage !
Prenez bien soin de vous, de vos enfants et des autres.
Puisque tous les élèves du primaire rentrent, vais-je être obligé de mettre mon enfant à l’école sous peine d’avoir des ennuis ? Je risque de perdre mes allocations familiales ?
Pas de panique, la liberté vous est toujours laissée… Et il n’y a aucun risque de perte d’allocations familiales ! Les directions seront, certes, chargées de répertorier les demi-jours d’absence pour monitorer la situation et établir le contact avec les familles concernées. Mais ces demi-jours ne devront pas être signalés. Des modalités devront être mises en place pour éviter de préjudicier ces enfants dans leur parcours scolaire.
Cela change-t-il quelque chose pour les examens ? Va-t-on à nouveau les rendre obligatoires ?
Non, absolument pas ! Les nouvelles règles ne changent rien aux examens qui restent bien annulés (CEB, CE1D, CESS, sessions classiques d’examens…). La réussite scolaire dépendra toujours de la décision du conseil de classe et la concertation avec les parents reste totalement d’actualité. Rappelons que le redoublement restera très limité cette année.
Est-ce que le directeur de l’école de mon enfant peut décider de ne pas faire reprendre les cours aux enfants de 3e primaire, par exemple ?
Il est recommandé que les classes maternelles (à partir du 2 juin) et de l’enseignement primaire ordinaire et spécialisé (à partir du 8 juin) puissent reprendre les leçons. La ministre de l’Education, Caroline Désir, insiste auprès des directions sur les bienfaits de cette reprise pour les enfants. Toutefois, les pouvoirs organisateurs, sur base de leurs réalités locales et contraintes propres, peuvent choisir de différer ou d’adapter cette nouvelle étape de reprise des leçons. Il leur appartient, le cas échéant, de fixer le moment exact de la reprise des leçons et le temps d’enseignement adapté à leurs possibilités. La décision du pouvoir organisateur devra faire l’objet d’une communication claire aux parents, le plus rapidement possible. L’école qui ne reprend pas les leçons à temps plein est tenue de maintenir une garderie pendant le temps scolaire chaque jour de la semaine.
Les maternelles rentrent dès mardi prochain, les primaires dès le lundi 8 juin. Que se passe-t-il réellement pour les secondaires ?
Pour le secondaire, les règles des circulaires précédentes restent d’application : priorité à la rentrée des élèves de 6e, puis de 2e secondaire, ainsi que ceux jugés en difficulté (quelle que soit leur année) par le personnel enseignant. Pour le reste, il appartient aux directions de voir ce qu’ils ont la possibilité de réaliser. En secondaire, la taille des groupes-classes ne peut être portée que de 10 à maximum 14 élèves.
Il n’y a que quelques jours que mon enfant est revenu à l’école et on relâche déjà les mesures de sécurité. Est-ce bien sérieux ? Ne prend-on pas trop de risques ?
L’évolution est surprenante. Mais les règles appliquées depuis le 18 mai ont été décidées le 24 avril et les experts indiquent qu’en un peu plus d’un mois, des changements majeurs sont intervenus dans la connaissance et la gestion de l’épidémie. Cela dit, la règle de distanciation sociale reste un point d’attention essentiel pour éviter la circulation du Covid 19. Elle doit être respectée autant que possible entre les membres du personnel, entre eux et les parents ou entre les membres du personnel et les élèves de primaire. Les horaires d’arrivée et de départ des groupes d’élèves doivent être aménagés de façon à limiter autant que possible les regroupements. Les activités en plein air sont encouragées. Les locaux doivent être aérés autant que possible, etc.
Quelques jours d’école peuvent-ils vraiment apporter quelque chose à mon enfant ?
Oui, c’est très important pour renouer le lien social avec l’école, les enseignants, les amis… La non-scolarisation a un impact non négligeable sur le développement général, mental et social des enfants et de leurs familles. Les experts reconnaissent l’importance d’équilibrer le risque épidémiologique avec les besoins de santé mentale, de bien-être et d’apprentissage de tous les enfants.
J’entends que le port du masque n’est plus obligatoire en primaire. Cela concerne-t-il aussi mon enfant qui a 12 ans et est en 6e ?
Le port du masque n’est plus conseillé pour les élèves, ni dans le maternel, ni dans le primaire. Dans le maternel, il n’est plus conseillé aux membres du personnel dans les contacts avec les enfants, mais fortement recommandé pour les contacts entre adultes (enseignants, parents…). Dans le primaire, le port du masque est fortement recommandé pour tout membre du personnel se déplaçant parmi les élèves (surtout si la distance sociale de 1,5 mètre ne peut être respectée), lors de tout contact avec des adultes. Ou en classe, lorsque l’enseignant parle à voix haute (en raison du risque plus élevé de projection de gouttelettes).
La distanciation physique est abolie entre élèves. Les autres gestes de sécurité ou sanitaires sautent également ?
Non, très loin de là ! La distanciation physique reste d’application (autant que possible) entre les adultes (enseignants, parents, etc.) et entre les membres du personnel et les élèves de primaire. Les horaires d’arrivée et de départ des groupes d’élèves doivent être aménagés de façon à limiter les regroupements. Les activités en plein air sont encouragées. Les locaux doivent être aérés autant que possible. Tous les élèves et les membres du personnel doivent se laver les mains (eau et savon ou gel hydro-alcoolique) en entrant dans l’école, en entrant en classe (après la récréation), après être allé aux toilettes, après avoir toussé ou éternué, après avoir utilisé un distributeur et avant de quitter l’école. Toutes les écoles doivent être équipées en savon, gel hydro-alcoolique et serviettes en papier. L’accès aux toilettes doit être organisé de manière à éviter autant que possible les regroupements. Des affiches doivent être placardées pour rappeler de tirer la chasse d’eau et de respecter l’hygiène. Le groupe classe (maternel ou primaire) est considéré comme une bulle de contact. Sa taille peut être supérieure à 20 élèves. Quand la bulle est constituée, tout doit être mis en œuvre pour la maintenir jusqu’à la fin de l’année scolaire. Pendant la récréation, les élèves jouent le plus possible par bulle de contact.
Mon enfant va-t-il apprendre de la nouvelle matière ou simplement revoir ce qu’il a déjà vu ?
Oui, ce sera possible lorsqu’il sera en classe. Cela reste interdit à distance. Les jours où votre enfant sera à la maison, il pourra recevoir du travail, mais seulement de l’approfondissement de ce qu’il aura vu en classe.
Du travail à distance continuera-t-il d’être fourni aux élèves dont les parents refuseraient un retour en classe ?
Du travail pourra leur être fourni par l’école. La ministre fait confiance aux communautés éducatives pour organiser cela… Sans que les enseignants doivent doubler leur travail (en présentiel + à distance). De toute manière, les enseignants seront bienveillants par rapport aux enfants qui ne reviendraient pas en juin : la nouvelle matière qui aurait été manquée pourra être revue en septembre.
Les enfants sont-ils vraiment peu atteints par le virus ? Vu qu’ils ne sont pas dépistés, les chiffres ne sont-ils pas faussés ?
Les études montrent que les enfants semblent moins touchés par le virus et semblent également moins contagieux. L’évolution des connaissances épidémiologiques et sanitaires montre que les enfants de 0 à 12 sont beaucoup moins à risque. Les expériences d’autres pays où les écoles maternelles et primaires ont été rouvertes (Danemark, etc.) n’ont pas relancé de manière significative le virus. Cependant, une attention particulière a été accordée à la constitution de bulles de contact et à l’hygiène.
Comment cela va-t-il se passer pour les entrées et sorties de l’école ? Des mesures de distanciation seront-elles toujours d’actualité ?
Les horaires d’arrivée et de départ des groupes d’élèves doivent être aménagés de façon à limiter autant que possible les regroupements. Les parents veilleront à garder la distance physique en attendant les enfants et, comme au supermarché, ce sera plus simple si un seul parent vient chercher l’enfant.
Si les enfants sont si peu contagieux, puis-je envoyer mes parents aller chercher leurs petits-enfants ?
Peuvent-ils les garder après l’école ?
Cela n’est pas une bonne idée. Les personnes plus âgées forment toujours un groupe à risques : elles sont d’ailleurs les principales victimes de cette pandémie. Même si l’on a un peu relâché les relations sociales, il y a deux semaines, la prudence reste bonne conseillère vis-à-vis des seniors.
Les classes continueront-elles à être suffisamment nettoyées ?
Vu les évolutions du contexte épidémiologique et des recommandations des experts, l’adaptation du protocole de nettoyage en vigueur est envisagée. Une nouvelle version de celui-ci devrait être diffusée très rapidement. Les classes devront néanmoins être nettoyées (bancs, équipement, tout ce qui peut être touché à la main) après chaque journée d’école ou chaque changement de groupe.
S’il y avait un cas de Covid-19 dans l’école, serais-je prévenu ?
Les écoles doivent avoir un protocole prédéfini et un référent médical identifié pour agir rapidement si des enfants ou des employés tombent malades. Des plans et des procédures doivent être mis en place en étroite collaboration avec les autorités de santé publique. Si un élève présente des signes de contamination à l’école, ses parents seront immédiatement contactés. En attendant qu’un parent vienne le chercher, l’enfant doit être isolé dans un espace prévu à cet effet. Ce local doit être équipé d’un thermomètre digital à distance si possible, de gants et de masques pour la personne accompagnant les élèves pendant qu’ils attendent les parents. L’espace doit être grand et idéalement bien ventilé. L’enfant et ses contacts doivent être testés. Les enfants ou le personnel présentant des signes cliniques doivent rester à la maison.
Moins la pression de Weyts que des pédiatres
Ben Weyts - Photo News
Le ministre flamand de l’Enseignement est vu comme le grand initiateur de ces nouvelles phases de la rentrée scolaire qui correspondent au calendrier qu’il avait présenté, à la différence que Ben Weyts souhaitait la réouverture de toutes les primaires dès le 2 juin.
Interrogée sur la pression que son collègue aurait mise, la ministre francophone de l’Éducation, Caroline Désir, a assuré que l’élément déclencheur était la carte blanche des pédiatres réclamant une réouverture plus large des écoles pour prendre en considération la santé et les droits fondamentaux des enfants. La pression de Weyts n’est arrivée qu’ensuite, dit-elle.
Il y a une semaine, 269 pédiatres affirmaient « qu’il n’y a aucune raison médicale valable pour exclure plus longtemps les enfants de la collectivité. Ils ne sont pas les super-transmetteurs présumés comme dans la grippe (…) Les enfants sont très peu infectés et quand ils le sont, ils sont peu malades dans la très grande majorité des cas (…) Le confinement creuse les inégalités avec un risque accru de négligence, maltraitance et manque de surveillance pouvant résulter en une hausse des accidents domestiques. On constate plus de troubles du sommeil, d’anxiété pouvant être préjudiciables pour l’enfant et son développement », disaient-ils encore.
Retrouver la sérénité, insuffler la confiance
Vincent Rocher
La poursuite de la rentrée scolaire est une bonne nouvelle pour les parents et les enfants qui n’ont rien à gagner dans un confinement scolaire de six mois, jusqu’à la rentrée de septembre.
Qui s’y opposerait, alors que les pédiatres ont anéanti les obstacles sanitaires ? Cela permet d’ailleurs de minimiser la pression du monde économique qui veut voir plus de parents au travail (et donc moins à la maison avec leurs enfants) ou politique, puisque la Flandre adopte cette tactique, au risque d’ajouter de la confusion au chaos de cette crise.
Directeurs et enseignants se sentent instrumentalisés et ne cachent pas leur mécontentement. Ont-ils tort ? Non. Il n’est pas simple d’expliquer ce revirement soudain et sans concertation. Bien sûr que ce virus inconnu, cette crise inédite oblige à naviguer (en partie) à vue. Avec son lot de décisions forcément contestables par les uns ou les autres, la critique est toujours facile et abondante. Le calme, la sérénité a une importance primordiale en pareil cas. Cela nourrit la confiance. Plus ou moins. La manière dont nos politiques travaillent depuis peu est l’exact contre-pied. Comment expliquer à un enfant qu’il doit porter un masque ou respecter une distance de sécurité cette semaine à l’école, que cela ne sera plus le cas la semaine prochaine ? Parce que l’évolution du virus a changé la donne en quelques jours ? Cela ne constitue pas une explication suffisante et la ministre de l’Éducation le sait ; c’est sans doute ce qui motive Caroline Désir à ne pas rendre obligatoire le retour à l’école. École, ou parent, chacun fera comme il veut. Pour la confiance, on repassera !
UN DOSSIER DE DIDIER SWYSEN